La décarbonation de la filière automobile

Comment concilier liberté de mouvement et décarbonation de l’automobile ? L’automobile a-t-elle sa place dans une société décarbonée ? À l’heure d’un premier bilan sur le plan de décarbonation engagé par la filière automobile, la PFA* estime que l’électrification seule du parc automobile ne sera pas suffisante. 

L’état des lieux

La décision prise par l’Union européenne d’interdire dès 2035 la commercialisation de véhicules neufs à motorisation thermique ne laisse guère le choix aux constructeurs. Ils doivent investir sans tarder dans la traction électrique à batterie, seule solution technique viable pour les véhicules légers. Toutefois se dresse un obstacle économique. Un surcoût moyen de l’ordre de dix mille euros pour un modèle compact capable de tenir 400 kilomètres sur autoroute. (source : Challenges)

Si l’électrification du parc automobile constitue le principal levier, il sera loin d’être suffisant pour atteindre les objectifs climatiques à horizon 2030 (source : Ministère de la Transition Ecologique)

Et notre mobilité dans tout ça ?

Le directeur général du groupe Stellantis Carlos Tavares ne mâche pas davantage ses mots, lorsqu’il prédit que “nous aurons collectivement un problème, si on interdit l’accès des classes moyennes à la mobilité”. Une conviction qui donne le ton de l’échange de vues avec l’économiste Christian Gollier, lors du Sommet du Bien commun.

Concernant la voiture électrique, Carlos Tavares s’inquiète sur les effets sociaux d’un changement “aussi brutal et radical”. À l’entendre, l’empressement des politiques à électrifier le parc automobile leur a fait oublier l’impact social de cette conversion accélérée. “S’attaquer aux plus pauvres, ce n’est pas raisonnable”, estime l’industriel qui se désole de n’avoir pas été entendu il y a cinq ans, lorsqu’il tirait déjà la sonnette d’alarme. “Il faut protéger la liberté de mouvement de chacun”, martèle-t-il.

L’électrification ne suffira pas

Autre raison pour laquelle les véhicules électriques ne sont pas une solution miracle à court terme : ils émettent « en moyenne deux fois plus de CO2 à la fabrication » que les véhicules thermiques, reconnaît la PFA, qui préconise une « relocalisation de la production », en particulier des batteries.

D’autres leviers sont donc indispensables pour parvenir à ce zéro carbone en termes d’usage. Biocarburants de nouvelle génération, covoiturage, autopartage font partie de la liste évoquée par la PFA, sans pour autant trop y croire. Les enjeux sont multiples pour continuer à porter le véhicule électrique. D’une part, il s’agit de pousser les entreprises, qui pèsent la moitié des ventes de véhicules neufs, à verdir leurs flottes. De l’autre, les bornes de recharge doivent continuer à se multiplier. Sans oublier, les aides à l’achat qui ne doivent surtout pas faiblir.

Au cœur de la décarbonation de la filière automobile, des carrossiers donnent leur avis sur les véhicules électriques sur CHOC.

*La Plateforme automobile (PFA) rassemble la filière automobile en France.